L’église Saint-Ouen de Pont-Audemer
L’église Saint-Ouen de Pont-Audemer, imposante bien que demeurée inachevée, s’inscrit au premier rang des monuments de l’architecture flamboyante normande.
Les architectes de l’église Saint-Ouen
Le maître maçon Michel Gohier, responsable de l’oeuvre en 1488, est remplacé en 1505 par Guillaume Morin et Thomas Theroulde. Celui-ci avait auparavant travaillé pour l’église de Caudebec-en-Caux.
L’histoire et l’architecture de l’église Saint-Ouen
Un premier édifice assez proche du style de l’église Saint-Germain existait à cet emplacement à la fin du Xe ou au début du XIe siècle. De cette première construction il ne reste aujourd’hui que le chœur actuel de l’église. Celui-ci fut modifié au cours des XIIe et XIIIe siècles. Un chapiteau roman représentant des guerriers est encore visible.
Au XVe siècle, il fut décidé de construire une église plus grande. Cependant, la survenue de la guerre de Cent Ans empêcha le démarrage des travaux qui ne fut effectif qu’à la fin du XVe siècle.
On commença par abattre la nef en conservant le transept et le chœur ; la construction du portail, de la tour Nord et de la base de la tour Sud semble avoir débuté vers 1485 sous la direction de Michel Gohier. Une nouvelle nef avec ses bas-côtés et les chapelles latérales fut élevée de 1505 à 1515 par Rolland le Roux, architecte rouennais auteur du portail principal de la cathédrale de Rouen et du bureau des finances de la même ville. Des difficultés financières firent suspendre les travaux de façon provisoire en 1524 : la nef qui n’avait pas encore atteint la hauteur projetée fut couverte d’une voûte en bois et raccordée à l’ancien chœur ; de fait, les travaux ne furent ensuite jamais repris.
Au lieu de terminer l’œuvre commencée, la Renaissance décora et modifia les lignes du transept roman. On lui doit le décor sur le grand mur, autour du Christ monumental ; mais aussi les colonnes romanes coupées et les murs creusés pour dégager la vue vers le maître-autel, alors tout au fond. Les chapiteaux furent retravaillés dans cette croisée de transept. Et l’on trouve encore, de cette époque, le balcon en pierre à côté des fonts baptismaux et le décor de façade Ouest (extérieur) près de la tour inachevée. Ajoutons pour finir, le buffet d’orgue du 17e siècle avec sa tribune ornée de panneaux sculptés.
En 1774, l’un des pères de la République, vainqueur de Valmy en 1792, Dumouriez, y épousait sa petite cousine Marie Marguerite de Broissy. Après la guerre de 1939-1945, pour adapter l’édifice à la liturgie, un autel provisoire en bois fut placé à la croisée du transept roman ; il fut ensuite remplacé par l’autel de pierre blanche, dessiné par M. Merlet et consacré par Monseigneur Caillot le 28 Mars 1965.
Le 13 janvier 1998 naissait une association sous le vocable ‘Orgues et Pierres St-Ouen et St Germain’. Depuis, une poignée d’amis s’est mise à rêver devant cette cathédrale inachevée…
Son orgue
Parmi les richesses patrimoniales de Pont-Audemer qui ne doivent pas manquer d’attirer le visiteur, figure l’orgue de l’église Saint-Ouen. cet instrument dont l’origine remonte sans doute à la Renaissance, fut entièrement restauré entre 1996 et 2000 dans les ateliers de Michel Giroud à Grenoble.
Classé Monument Historique, son remarquable buffet comporte des boiseries du XVIe siècle. La partie instrumentale comporte 17 jeux répartis sur deux claviers manuels et un pédalier. D’esthétique française, la composition permet néanmoins d’interpréter une grande partie du répertoire européen allant de la Renaissance jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Cet orgue est régulièrement joué par les élèves de la classe d’orgue de l’école de musique et des organistes invités. Il sert aussi à l’accompagnement musical des liturgies.
Ses vitraux
Placées dans les chapelles latérales, les quatorze verrières anciennes de l’église, qui présentent une grande diversité du fait de leur chronologie, de leurs sujets et de leur facture, se découvrent une à une. Elles ont fait trois fois au 19è siècle l’objet de notices détaillées (Delphine Philippe-Lemaître en 1853, Amand Montier en 1895, Louis Régnier en 1899) et Jean Lafond leur a consacré une part substantielle de son inventaire des vitraux de l’arrondissement publié en 1969 dans les Nouvelles de l’Eure. Cet ensemble demeure cependant moins connu que ceux de Conches ou de Louviers, bien que sa qualité et son état de conservation exceptionnels le placent parmi les plus importants sites vitrés du département.